Une larme dans les yeux, d'Antoine Deschamps.
Les larmes amollissent les rigueurs.
Recueil : Les sonnets et poésies (1841)
Quelle grâce, quel mystère, Qu'une larme dans les yeux !
C'est un baume salutaire
Qui pour nous descend des cieux.
Sous les pleurs l'âme brisée
Se relève par degrés,
Comme on voit sous la rosée
Reverdir l'herbe des prés !
De nos peines si les larmes
Amollissent les rigueurs,
Elles donnent plus de charmes
Aux plaisirs des jeunes cœurs.
D'une main folle et profane
Les plaisirs jettent des fleurs,
Dont l'éclat bientôt se fane
S'il n'est point baigné de pleurs.
Loin des routes infidèles
Quand deux cœurs se sont élus,
Les paroles, que sont-elles ?
Une larme en dira bien plus.
L'amour tremble,et, vainqueur même,
Est à peine rassuré...
On apprend combien l'on s'aime,
Lorsqu'ensemble on a pleuré.
Antoine Deschamps (1800-1869)