Un songe dans un songe, d'Eugène Goubert.

Un songe dans un songe.

Reçois ce baiser sur le front !
Et permets que je te l'avoue
Au moment d'un départ si prompt
Où notre lien se dénoue
Tu dis vrai ! — Mes jours, mon bonheur
N'ont été qu'un mirage, un rêve !
Oui ! mon espoir était trompeur ;
Il s'est enfui sans qu'il s'achève
Vision d'un jour ? — D'une nuit ? —
Qu'importe ! Où donc m'a-t-il conduit ?
Ce qu'on voit, ce qu'on croit : Mensonge !
Ce n'est qu'un songe dans un songe !

Je suis sur les bords désolés
D'un océan triste et sauvage,
Pressant dans mes doigts rassemblés
Un peu de sable du rivage ;
Comme il s'échappe de ma main
Pendant que mes larmes s'écoulent !
Dieu ! n'en puis-je sauver un grain
De ces flots sans pitié qui roulent
Sur l'abîme sombre et maudit
Où reste à jamais ce qu'il prit !
Tout ne serait-il que mensonge ?
N'est-ce qu'un songe dans un songe ?


Eugène Goubert