Tu n'es pour moi qu'une étrangère, de Camille Delteil.
Tu n'es plus pour moi qu'une étrangère.
Recueil : Les poésies diverses (1869)
Tu n'es plus aujourd'hui pour moi qu'une étrangère, Et lorsque le hasard m'amène sur tes pas,
Tu me rends mon salut sans le moindre embarras
N'ayant dans le regard ni trouble, ni colère.
Nous nous étions jurés pourtant à la légère,
Un de ces beaux amours qui ne finissent pas ;
Alors j'eusse couru jusqu'au fond des pampas,
Ou bien escaladé le Jungfrau pour te plaire.
Mais notre éternité n'est faite que d'instants :
L'automne foule aux pieds les roses du printemps,
On se voit, l'on se plait, l'on s'aime et l'on s'oublie.
S'il faut que tout soleil soit dans l'ombre enfermé,
Si jusqu'au souvenir tout meurt, tout s'exfolie,
Pourquoi se revoit-on après qu'on s'est aimé ?
Camille Delteil