Tu es charmante, de Prosper Blanchemain.
Tu es charmante, je t'aime.
Recueil : Les poésies et sonnets (1868)
Quand je te dis que tu es charmante, Tu sembles rire et douter de ma foi ;
Pourtant ma voix est vraie autant qu'aimante,
Et c'est mon cœur qui te le dit avant moi.
Tu n'es point de ces beautés coquettes
À qui le temps prendra tous leurs appas,
Qui passeront ainsi que leurs toilettes :
On les admire, on ne les aime pas.
Tu n'es point comme ces fleurs pompeuses
Dont la fierté semble insulter chacun,
Qui lèvent haut leurs têtes orgueilleuses,
Riches d'éclat et pauvres de parfum.
Tu imites l'aimable violette
Qui sous sa feuille aime à se retirer ;
Mais que l'on cherche en son humble cachette
Et dont l'odeur est douce à respirer.
Il est en toi une grâce modeste,
Charme caché qu'on trouve avec bonheur.
Je ne sais quoi de simple et de céleste,
Comme un parfum qui s'élève du cœur.
C'est pour cela qu'à jamais je t'aime,
Que ma pensée en tout lieu suit tes pas ;
Et, dis-moi, toi, mon espoir suprême,
Pour tant d'amour ne m'aimerais-tu pas ?
Prosper Blanchemain (1816-1879)