Sur l'aile mobile des songes, d'Hippolyte Fleury.
Sur l'aile mobile des songes.
Recueil : Les nouvelles feuilles des bois (1873)
Sur l'aile mobile des songes, Rapides s'écoulent nos jours ;
Dans de fantastiques mensonges,
Du temps nous traversons le cours.
Prosternés devant les idoles
Du luxe et de la vanité ;
Nous vivons, papillons frivoles,
Des sucs de leur inanité.
De notre céleste origine,
Ah ! gardons mieux le souvenir,
Ne passons pas, pauvre ruine,
Comme une ombre dans l'avenir !
De nos pas laissons quelque trace
Dans le champ de l'éternité,
Et comme un astre dans l'espace
Suspendons-y la vérité !
Faisons tomber de l'ignorance
Les autels partout florissants ;
Séchons les pleurs de la souffrance
Dans les faibles, les innocents !
Que dans tous les coins de la terre
Règne enfin la fraternité,
Mensonge encor, vaine chimère,
Au banquet de l'humanité !
Hippolyte Fleury