Quand la nuit plane sur la terre, de Louis Oppepin.
Quand la nuit plane sur la terre.
Recueil : Les brises d'été, poésies (1870)
Quand, pâle et douce, ô nuit ! tu planes sur la terre, Semant dans tes pavots un bienfaisant sommeil,
Un murmure pieux monte du bois, pareil
Aux accents recueillis d'une sainte prière !
C'est l'oiseau qui soupire, en son frais nid bercé !
Le roseau qui s'incline au souffle de la brise,
La lampe qui luit seule au fond de l'humble église,
Le doux bruit de l'esquif par le flot balancé !
C'est le ruisseau qui chante à la plaine attendrie,
Le torrent qui mugit au pied des larges monts,
L'insecte qui bourdonne à l'herbe des sillons,
L'étoile qui sourit aux fleurs de la prairie !
De l'amant enivré, c'est le rêve enchanteur !
Du pauvre qui s'endort l'oubli de la misère,
À l'enfant bien-aimé le baiser d'une mère ;
C'est l'hymne universel qui s'élève au Seigneur !
Heureux qui peut, ô nuit, sous ton ombre embaumée,
Confiant son bonheur à tes regards discrets,
S'agenouiller au fond des paisibles bosquets,
Et savourer l'amour sur une lèvre aimée !
Louis Oppepin