L'oiseau captif, de Mathilde Soubeyran.
L'oiseau captif.
Recueil : Les oiseaux et les fleurs (1878)
Je tenais dans ma main, tendrement refermée, Un oiseau prisonnier. — Le pauvre et doux captif,
Auquel je demandais sa chansonnette aimée,
S'agitait et poussait parfois un cri plaintif.
Et moi, n'osant presser ce corps mignon et frêle,
Je me disais : « Comment peut-il monter si haut ? »
Il me semblait aussi que j'enviais son aile ;
Mais pourquoi l'envier ? Notre cœur est oiseau !
Je ne veux plus jamais me permettre un murmure :
Aux jours d'avril, j'ai vu l'oiselet grelotter ;
Nous aussi, nous souffrons ; mais, plus belle et plus pure,
Aux heures de douleur notre âme peut chanter.
Je ne veux plus jamais l'écouter, ô tristesse !
Quand le rossignol meurt, hélas ! c'est sans retour ;
Et nous, après la mort, nous avons la promesse
D'aller plus haut renaître et revivre à l'amour,
Ô mon doux prisonnier ! quoi ! j'enviais ton aile !
Mais le cœur peut planer comme l'oiseau des cieux ;
Voit-on l'oiseau des cieux au baiser qui l'appelle
Comme le cœur s'offrir, frémissant et joyeux ?
Mathilde Soubeyran