L'homme se plaint toujours, d'Hippolyte Fleury.
L'homme se plaint des maux de la vie.
Recueil : Les nouvelles feuilles des bois (1873)
Nous nous plaignons toujours des maux de notre vie, Sans tenir compte à Dieu de toutes ses faveurs ;
Du sort de tous les grands nous n'aurions nulle envie,
Si nos yeux pénétraient dans le fond de leurs cœurs !
Passons donc ici-bas nos heures sans murmure
Et savourons les biens que Dieu nous a donnés :
Contre l'adversité l'homme vaillant se mure
Et coule en paix ses jours sans les croire damnés.
Comme ces bataillons qui marchent sur la route
Suivant sans reculer leur drapeau, leur tambour,
Marchons ferme comme eux, que rien ne nous déroute,
Sans voir si nous aurons une tombe au détour.
Notre cœur, vieux tambour, bat aussi la retraite ;
Jetons sur la nature un soupir, un regard,
Et lorsque nous sentons que le temps nous maltraite,
De nos félicités faisons-nous un rempart !
Allons revoir les lieux de notre douce enfance,
Le vieux chêne où sans bruit nous conversions tous deux :
Des souvenirs passés réveillons le silence
Et ranimons encor les échos amoureux !
Hippolyte Fleury