L'hirondelle, de Mathilde Soubeyran.
L'hirondelle.
Recueil : Les oiseaux et les fleurs (1878)
Dès que s'ouvrent les fleurs d'automne, Aux approches des premiers froids,
L'hirondelle nous abandonne,
L'hirondelle quitte nos toits.
Il faut à son aile, lassée
De nos plaines et du repos,
Il faut la grande traversée
De la mer et le bruit des flots.
Quand même l'on verrait éclore,
Aux jours d'hiver, les fleurs d'avril,
L'oiseau nous quitterait encore.
Rester serait pour lui l'exil.
Notre âme aussi, pauvre hirondelle,
Rêve d'un plus vaste horizon ;
Elle souffre et meurtrit son aile
Aux murs étroits de sa prison.
Qu'importe ? Un jour cette captive,
Libre du corps qui la retient,
Pourra retourner, fugitive,
Au ciel, dont elle se souvient.
En attendant, pauvre hirondelle,
L'âme rêve un autre horizon ;
Elle souffre et meurtrit son aile
Aux murs étroits de sa prison.
Mathilde Soubeyran