Les serments, de Anatole de Ségur (1869).
Les serments des époux.
Recueil : Stances et sonnets (1869)
L'épouse est jeune, riche, et son front rougissant Brille comme les fleurs qui couronnent sa tête.
L'époux porte à l'autel l'orgueil de sa conquête :
On voit luire en ses traits la noblesse du sang.
Le ciel semble sourire à leur bonheur naissant.
À l'église, au palais, l'ordonnance est parfaite.
Lumière, éclat, beauté, rien ne manque à la fête,
Rien, et tout, à la fois, car l'amour est absent.
Il est absent, l'amour qui survit aux ruines,
Qui vient d'en haut, qui boit aux fontaines divines,
L'amour, comme Dieu même, éternel et vivant !
Aussi, vienne l'orage à passer sur ces âmes,
Il n'aura qu'à souffler pour éteindre leurs flammes,
Et leurs serments légers s'envoleront au vent.
Anatole de Ségur.