Les illusions, de Louise Colet.
Les illusions.
Recueil : Les fleurs du Midi (1836)
Oui, les illusions dont toujours je me berce En vain leurrent mon cour d'un espoir décevant ;
Impassible et cruel le monde les disperse,
Ainsi que des brins d'herbe emportés par le vent.
Et moi, me rattachant à ma fortune adverse,
J'étouffe dans mon sein tout penser énervant ;
Malgré mon désespoir et les pleurs que je verse,
Je crois à l'avenir, et je marche en avant !
Pour soutenir ma foi, j'affronte le martyre
Des sarcasmes que jette une amère satire
À mon rêve d'amour le plus pur, le plus cher !
On peut tailler le roc, faire mollir le fer,
Fondre le diamant, dissoudre l'or aux flammes,
Mais on ne fait jamais plier les grandes âmes !
Louise Colet.