Les baisers de l'amour, de Ludovic de Vauzelles (1844).
Au chien de Mlle ***.
Recueil : Poésies (1844)
Lovely, petit chien, va trouver ta maîtresse ; Porte-lui ce billet, j'ai foi dans ton adresse :
Sous ta patte, d'abord, tiens-le soigneusement.
Mais si, prise pour toi d'un tendre mouvement,
Cette brune aux yeux noirs, d'une voix caressante,
T'appelait sur son sein, prends ma lettre brûlante,
Prends, et sur ses genoux qui n'attendaient que toi,
Déroule le papier qui lui parle de moi.
Sur ce vélin noirci que ta patte soyeuse
Lui montre chaque ligne amicale et flatteuse
Où ma tremblante main implore sa bonté !
Je l'aime, dis-le lui : que ton œil velouté,
Mourant, chargé d'amour, sur elle se repose !
Cueille un ardent baiser sur sa bouche de rose...
Penché vers son oreille, entre ses jolis bras,
Tu lui diras alors, tu lui diras bien bas,
Que, pour les vrais amants, et qui sont homme et femme,
Les baisers de l'amour respirent une flamme
Que n'égalent jamais, — je tais ceux d'un mari, —
Ceux de l'oiseau qu'on aime ou du chien favori !
Ludovic de Vauzelles.