Le vieil homme, de Paul Courty.

Le vieil homme.

Recueil : Les dernières poésies (1891)
Comme un vase perd ses arômes,
L'être de jeunesse et d'amour
Qui fut l'homme du premier jour,
Dépouille un par un ses atomes.

Spectres pâles des anciens hommes
Qui sont morts en moi tour à tour,
Pourquoi d'un obstiné retour
Hanter mon chevet, ô fantômes ?

À peine, hélas ! reconnaissant
Ce qui fut ma chair et mon sang,
J'ai peur de mon visage blême,

Comme d'un miroir mensonger.
Ainsi l'homme meurt étranger
À l'homme ancien qui fut lui-même.


Paul Courty (1840-1892)