Le souvenir d'un premier amour, d'Eliacin Greeves.
Le souvenir d'un premier amour.
Recueil : Amour et poésie (1854)
Elle avait dix-sept ans, je n'avais pas son âge ; L'espoir nous souriait comme un jour de congé.
Mon cœur s'est enivré de son premier breuvage ;
Je pris pour de l'amour un baiser échangé.
Nous avons vu, depuis, dix-sept autres années
Passer, pesant sur nous du poids de leur ennui.
Au gouffre de l'oubli, par le temps entraînées,
Nos amours d'autrefois sont un rêve aujourd'hui.
Parfois je la rencontre au détour d'une rue,
Nous nous serrons la main comme de vieux amis.
Jamais, en le troublant, elle n'est apparue
À mon cœur, sans retour à son destin soumis.
Charmante et gracieuse, aux mères de famille
Elle paraît encore une enfant, et pourtant
Elle parle déjà de marier sa fille,
Et sa fille déjà rougit en l'écoutant.
De mon premier amour le souvenir qui reste
Est un élan d'espoir, puis un cri de douleur ;
La blessure a guéri, sous un regard céleste !
Une amante est devenue comme ma sœur.
Eliacin Greeves (1818-1874)