Le sommeil, de Philipon de La Madelaine (1804).
Le sommeil.
Recueil : Poésies et épîtres (1804)
Du travail aimable soutien, Trésor bien cher à l'indigence,
Sommeil ! tu nous fais plus de bien,
Que n'en peut donner l'espérance :
Mieux qu'Esculape et ses enfants,
Tu sais calmer notre souffrance ;
Et pour nous venger des méchants,
Tu n'endors pas leur conscience.
Que cet enfant au teint vermeil,
Dorme sur sa maman chérie ;
C'est une fleur que le sommeil
Ouvre doucement à la vie :
Du vieillard prompt à s'assoupir,
Écartons le pavot funeste,
Et de la coupe du plaisir,
Faisons-lui savourer le reste.
Morphée, en flattant nos désirs,
Souvent amène un doux mensonge ;
Richesses, honneurs et plaisirs,
Quels biens ne donne pas un songe ?
Je sais que le réveil détruit
Ces biens, qu'il met au rang des fables ;
Mais du bonheur qui nous séduit,
Les éclairs sont-ils plus durables ?
Philipon de La Madelaine.