Le soleil des beaux jours, d'Hippolyte Fleury.
Le soleil des beaux jours.
Recueil : Les nouvelles feuilles des bois (1873)
Il fait froid : le soleil a quitté le superbe vallon, Les bois sont dépouillés de leur douce verdure,
Et le souffle de l'aquilon
Promène la douleur sur toute la nature !
Tout souffre, tout gémit ; les plus charmantes fleurs
Périssent sous les coups du givre et des orages ;
Chacun de nous porte ses pleurs
Aux pleurs qui sont tombés dans l'océan des âges.
Voyageurs passagers, le bâton à la main,
Nous foulons nos glaçons en faisant notre route ;
Et sans donner un lendemain,
L'inexorable sort nous mène ou nous déroute.
Mais Dieu nous donne aussi le soleil des beaux jours,
Si nous avons nos jours et de pluie et d'orages ;
Et nous ne voyons pas toujours
Les givres attachés à nos pâles feuillages.
Nous entendons en nous les chants de nos oiseaux
Et leurs soupirs d'amour, doux feux sur nos ruines,
Charmants soleils sur nos tombeaux,
Parfums délicieux et fleurs sur nos bruines !
Hippolyte Fleury