Le soir, de Anatole de Ségur (1869).
Le soir.
Recueil : Stances et sonnets (1869)
L'azur devient plus sombre et l'horizon est d'or, L'astre mourant du jour quitte à regret la plaine ;
Là-bas dans la forêt, la voix lente du cor
Murmure et jette au vent une note lointaine.
Tandis que le soleil au couchant brille encor,
La lune, au bord du ciel levant son front de reine,
Colore l'Orient de sa clarté sereine,
Et complète du soir le sublime décor.
Ineffable moment qui tous deux les rassemble !
Le ciel serait trop beau s'ils y brillaient ensemble,
La nuit succède au jour, et l'hiver à l'été.
Du soleil de nos ans quand l'âge éteint la flamme,
L'astre plus doux du soir se lève dans notre âme,
Et la splendeur fait place à la sérénité.
Anatole de Ségur.