Le ruisseau de la montagne, d'Hippolyte Fleury.
Le ruisseau de la montagne.
Recueil : Les nouvelles feuilles des bois (1873)
Je suis la lyre des montagnes, Mes cordes vibrent tous les jours ;
Elles célèbrent les amours
Des jeunes filles des campagnes !
C'est moi qui porte leurs soupirs
Dans les vallons, dans les prairies,
Et qui recueille leurs désirs
Au pied de mes rives fleuries.
Mes murmures couvrent leurs pleurs
De leurs accords mélodieux ;
Ils descendent dans tous les cœurs
Comme les doux rayons des cieux !
Lorsque je vois passer l'Aurore
Sur son char couvert de rubis,
S'élève une voix plus sonore
Pour en recevoir un souris !
Alors les oiseaux se réveillent
Au bruit de mes charmants concerts,
Et ceux qui la nuit toujours veillent,
Je les endors dans mes déserts.
Lorsque je suis gonflé de larmes,
Je vais les porter à la mer ;
J'emporte tout, chagrins, alarmes,
Et ne conserve rien d'amer.
Pour purifier mes ondes
La mer les élève au ciel,
Où les douleurs les plus profondes
Se perdent dans ses flots de miel !
Hippolyte Fleury