Le premier baiser d'amour, d'Ernest Bussy.
L'amant aux genoux de l'amante.
Recueil : Les sonnets et poésies inédites (1886)
Dans la plaine, le vent d'automne Bondit comme un coursier sans frein.
— Au foyer, le grillon chantonne
Son mélancolique refrain.
Le vent sanglote, hurle, aboie,
S'épuise en furieux combats.
— Devant le foyer qui flamboie,
Les deux amants parlent tout bas.
Les peupliers dans la tourmente
Ploient leurs troncs souples et nerveux.
— L'amant aux genoux de l'amante
Murmure de tendres aveux.
De sa fureur inassouvie
L'ouragan fait trembler les cieux.
— « Ils seront les rois de ma vie,
Tes yeux, Mignonne, tes grands yeux ! »
Et cependant que le vent brame,
Pleure, mugit tout alentour,
Les amants confondent leur âme
Dans un premier baiser d'amour.
Ernest Bussy (1864-1886)