Le méchant railleur, d'Édouard Burdet.
Le méchant railleur.
Recueil : Sonnets et romances (1854)
Certaines gens m'ont dit que j'aimais trop railler, Tant pis ! Tant mieux plutôt, car je serais malade ;
Si je ne riais plus, il me faudrait bâiller,
Or, ce délassement me paraît creux et fade.
Quand tous les jours je vois des sots à fouailler,
Je ne cinglerais pas leur sottise maussade !
Je veux les empoigner, je veux les travailler,
Les faire huer partout comme une mascarade !
Je veux rire de tout et de tous ; je prétends
M'amuser de ce monde et de ses habitants,
Voir de mon petit coin vaudevilles et drames,
Et siffler les acteurs si leur jeu me déplaît ;
Je veux fronder le mal et critiquer le laid !
C'est bon d'être méchant ! — N'est-ce pas, Mesdames ?
Édouard Burdet.