Le départ des hirondelles, d'Ernest Bussy.
L'adieu des hirondelles.
Recueil : Les sonnets et poésies inédites (1886)
Loin des toits familiers et chers L'hiver approchant nous exile ;
Nous allons chercher un asile
Sous l'azur des horizons clairs ;
Où, jamais voilé par la nue,
Le soleil verse la chaleur,
Où la douce et triste pâleur
Des monts neigeux est inconnue.
Adieu. Le souffle des autans
Fait déjà frissonner notre aile ;
Ne détruisez pas le nid frêle,
Dernier vestige du printemps.
Car ils fuiront, les jours sévères ;
Avril parfumé reviendra ;
Le bon Dieu nous avertira
Quand fleuriront les primevères.
Nous ne quittons pas pour toujours
Vos lacs bleus, vos grèves bénies.
Les mers ne sont pas infinies :
Au revoir, aux premiers beaux jours !
— Fuyez, légères hirondelles !
Mes rêves m'ont aussi laissé ...
Les espoirs de mon cœur blessé
Ne sont pas, comme vous, fidèles.
Ils s'en vont aussi ; tour à tour
Essayant leur aile incertaine,
Vers quelque autre plage lointaine
Ils s'envolent... mais sans retour.
Ernest Bussy (1864-1886)