La fauvette qui chante, de Mathilde Soubeyran.
La fauvette qui chante.
Recueil : Les oiseaux et les fleurs (1878)
Ton chant, ô fauvette ! est parfois Au chant de l'âme en tout semblable.
Serais-tu donc, oiseau des bois,
À l'âme humaine comparable ?
Non, car j'ai vu sous le baiser
Se rassurer l'âme craintive,
Et je n'ai pas vu s'apaiser
La pauvre chanteuse captive.
J'ai vu l'oiseau monter si haut
Qu'on eût dit un point dans l'espace ;
L'âme plane comme l'oiseau,
Mais son aile est plus vite lasse.
J'ai vu l'oiseau se contenter,
Pour logis, de son doux nid frêle ;
L'âme rêve de s'abriter
En une demeure éternelle.
Bonheur de l'âme, nid charmant,
Peuvent sombrer dans la tempête :
À l'heure de l'écroulement,
L'oiseau se plaint, l'âme est muette.
Mathilde Soubeyran