La terre au ventre fécond, de Paul Courty.
La terre au ventre fécond.
Recueil : Les heures sombres (1869)
La verdure des prés, si douce pour les yeux, Sait rendre aussi le calme aux âmes inquiètes.
Baissez, baissez le front, penseurs, et vous, poètes,
Qu'aveugla trop longtemps l'azur cruel des cieux.
Vers la terre tournez vos regards soucieux,
Chimériques rêveurs d'inutiles conquêtes,
Et renoncez enfin, pauvres fous que vous êtes,
À ravir le secret du ciel silencieux.
L'infini, sphynx voilé qui s'obstine à se taire,
Ne laisse dans les cœurs épris de son mystère
Que la fièvre du doute et ses brûlants frissons.
Terre au ventre fécond, de l'homme douce amante,
Verse au front des rêveurs ta fraîcheur apaisante,
Ô mère des prés verts et des jaunes moissons.
Paul Courty (1840-1892)