La petite marguerite, de Mathilde Soubeyran.
La petite marguerite.
Recueil : Les oiseaux et les fleurs (1878)
Tout se meurt. — Pourtant voyez-vous Près de ce vieux mur qui l'abrite,
Rêveuse, blanche et l'air si doux
Cette petite marguerite.
Des premiers froids, toujours mauvais,
On dirait bien qu'elle s'étonne.
Ma fleurette, si je pouvais
Te préserver des vents d'automne !
Si je pouvais, sans te froisser,
— Ne riez pas de ma folie, —
Contre mon cœur longtemps presser
Ta corolle toute pâlie !
Et longtemps écouter tout bas,
Ô mignonne ! ta voix me dire
Que l'hiver même sous nos pas
Peut faire éclore un doux sourire,
Que lorsque du dernier chanteur
S'envolera le chant de fête,
Nous pourrons voir en notre cœur
Rayonner une pâquerette !
Mathilde Soubeyran