La pauvre petite fleur, de Louis Oppepin.
La pauvre petite fleur.
Recueil : Les brises du soir, poésies (1870)
Eh quoi ! déjà ton front s'incline Sous les derniers rayons du jour,
Petite fleur de la colline
Éclose aux baisers de l'amour ?
Ta corolle si blanche,
Langoureuse, se penche
Sous la brûlante ardeur
De l'été dont l'haleine
A desséché la plaine,
Pauvre petite fleur !
Hier, bouton frais et timide,
Tu n'osais apparaître encor :
Zéphir, sous un baiser humide,
Vint entrouvrir ton corset d'or ;
Et soudain rayonnante
D'une grâce touchante
Et de molle fraicheur,
Tu livras ta couronne
Au soleil qui rayonne,
Pauvre petite fleur !
Un instant, la plage charmée
Admira tes chastes attraits ;
Et la brise pure, embaumée,
Recueillit tes parfums discrets ;
L'abeille avec délice
Puisa sur ton calice
Son miel plein de saveur ;
Un instant tu fus reine
Des bois et de la plaine,
Pauvre petite fleur !
Et moi qui te cherchais dans l'ombre,
J'osai t'aimer dans ta splendeur,
Et je sentis dans mon ciel sombre
Descendre un rayon de bonheur !
Mais te voilà mourante
Sur ta tige tremblante !...
Ah ! du moins sur mon cœur
Qui pleure toute chose,
Que ton débris repose,
Pauvre petite fleur !...
Louis Oppepin