La mort de l'hirondelle, de Mathilde Soubeyran.
La mort de l'hirondelle.
Recueil : Les oiseaux et les fleurs (1878)
La bise souffle. — Sous le poids De la neige le lilas plie,
Et le petit oiseau, sans voix,
Regarde avec mélancolie.
Comme elle semble grelotter
Et souffrir, la pauvre hirondelle !
« Hélas ! hélas ! dois-je rester ?
Ou faut-il partir ? se dit-elle,
Est-ce l'hiver en cet exil ?
Oh ! pourquoi me suis-je égarée ! »
Rassure-toi, neige d'avril
Ne saurait être de durée.
Serais-tu prête pour si peu
À refaire le long voyage ?
Reste, le ciel deviendra bleu,
La bise n'est que de passage.
Demain le gai soleil vainqueur
Réchauffera l'oiseau fidèle :
Je voudrais n'avoir dans le cœur
Rien que des chagrins d'hirondelle !
Mathilde Soubeyran