La liberté, de Antoine-Vincent Arnault.
La liberté.
Recueil : Poésies mêlées (1787)
Vos doigts de rose ont déchiré Le crêpe étendu sur ma vie :
Par vous, belle et sensible amie,
De mes fers je suis délivré.
Je ne suis plus seul sur la terre :
Je redeviens, par vos bienfaits,
Fils, époux, citoyen et père,
Je redeviens surtout Français.
Me savaient-ils cette existence,
Ceux qui m'avaient calomnié ?
Riche et fier de votre amitié,
Pouvais-je abandonner la France ?
Ami de la tranquillité,
Je ne suis ni guerrier ni prêtre.
J'ai fait quelques héros peut-être ;
Mais je ne l'ai jamais été.
C'est depuis qu'elle m'est ravie
Que j'estime la liberté :
Elle ressemble à la santé,
Que le seul malade apprécie.
Mille fois heureux qui par vous
Recouvre ce bien que j'adore :
Mille fois plus heureux encore
Qui peut le perdre à vos genoux !
Antoine-Vincent Arnault.