La fausse amitié, de Sainte-Beuve.
La fausse amitié.
Recueil : Les consolations (1830)
En cette vie, hélas ! rien n'est constant et sûr ; Le ver se glisse au fruit, dès que le fruit est mûr ;
L'amitié se corrompt ; tout est rêve et chimère ;
On n'a pour vrais amis que son père et sa mère,
Son mari, ses enfants, et Dieu par-dessus tous.
Quant à ces autres biens qu'on estime si doux,
S'entr'aider, se chérir, croire à des cœurs fidèles.
Voir en des yeux amis briller des étincelles,
Ce sont de faux semblants auxquels je n'ai plus foi ;
La vie est une foule où chacun tire à soi.
Charles-Augustin Sainte-Beuve.