La belle fille au teint d'ivoire, de Jules Guillemin.
La belle au teint d'ivoire.
Recueil : Les poésies et sonnets (1853)
Aux lieux où je l'aimais me voilà revenu. Je l'ai revue au bal, et sa noire prunelle
Eût pu lire au travers de mon cœur mis à nu,
Qu'il n'a rien dépensé de son ardeur fidèle !
Mais la perfide, au lieu d'un sourire ingénu,
Entre ses doigts distraits chiffonnant sa dentelle,
M'accueillit d'un regard plein de froideur mortelle,
Comme si j'eusse été pour elle un inconnu !
C'est bien elle pourtant, la belle au teint d'ivoire !
A-t-elle donc perdu dans un an la mémoire
De nos rêves à deux, de nos serments sans fin ?
Un an ! c'est un peu plus que l'âge de la feuille
Que verdit le printemps et que l'automne cueille,
C'est le temps d'un amour éclos au cœur humain !
Jules Guillemin