Je n'ai plus l'espérance, de Fréderic Marth.
Je n'ai plus l'espérance.
Recueil : Les poésies et sonnets intimes (1884)
Vous m'aimez, vous m'aimez, mais vous ne pensez guère Que le titre d'amant donne un terrible droit
Et que mon cœur sera pour vous, pauvre étrangère,
Éternellement froid.
Vous m'aimez, vous m'aimez ! Je n'ai plus l'espérance,
Je n'ai plus la jeunesse et son riant abord.
Aimerez-vous longtemps l'éternelle souffrance ?
Aimerez-vous la mort ?
Vous m'aimez, vous m'aimez ! Vous êtes une folle
Ayant soif des bonheurs et des plaisirs mondains.
Moi, je pleure ici-bas ; mon cœur qui se désole
S'est lassé des humains !
Fuyez le solitaire et sa triste demeure,
Courez, belle éphémère, après les papillons,
Perdez- vous dans l'éclat, dans l'ivresse d'une heure
Et dans les tourbillons.
Je n'ai plus de courage, il faut que je succombe,
Car je rêve toujours aux doux regards perdus.
J'appelle une âme en vain tout bas hors de la tombe.
On ne me répond plus.
Fréderic Marth (1852-1911)