Le malheur m'a jeté son souffle, de Louise Colet (1839).
Le malheur m'a jeté son souffle.
Recueil : Penserosa (1839)
Le malheur m'a jeté son souffle desséchant : De mes doux sentiments la source s'est tarie,
Et mon âme incomprise avant l'heure flétrie,
En perdant tout espoir perd tout penser touchant,
Mes yeux n'ont plus de pleurs, ma voix n'a plus de chant,
Mon cœur désenchanté n'a plus de rêverie ;
Pour tout ce que j'aimais avec idolâtrie,
Il ne me reste plus d'amour ni de penchant.
Une aride douleur ronge et brûle mon âme,
Il n'est rien que j'envie et rien que je réclame,
Mon avenir est mort, le vide est dans mon cœur.
J'offre un corps sans pensée à l'œil qui me contemple ;
Tel sans divinité reste quelque vieux temple,
Telle après le banquet la coupe est sans liqueur.
Louise Colet.