Chante ma gentille alouette, de Louis Oppepin.
Chante ma gentille alouette.
Recueil : Les brises du soir, poésies (1870)
Voici l'aurore fraiche et gaie, L'aurore flamme du ciel bleu,
L'aubépine embaume la haie,
Dieu lance son soleil de feu !
La nature, assoupie,
Se réveille, ravie,
Aux premiers feux du jour :
Soudain la fleur humide
S'ouvre au baiser timide
De Zéphir, son amour !
Chante, ma gentille alouette,
Gaiement, en volant au ciel bleu !
Toute voix d'orage est muette !
Chante à la terre, chante à Dieu !
Appelle de ta voix joyeuse
Le laboureur au lourd travail ;
Chante : qu'à ta note rieuse
Le berger quitte le bercail !
À tous ceux que la tâche
Va courber sans relâche
De l'aube jusqu'au soir,
Chante ! que ton ramage
Soutienne leur courage
Et leur donne l'espoir !
Chante, ma gentille alouette,
Gaiement, en volant au ciel bleu !
Toute voix d'orage est muette !
Chante à la terre, chante à Dieu !
Au vieux clocher l'Angelus tinte,
Epandant sur le frais vallon
Sa voix harmonieuse et sainte
Qui monte au ciel, en oraison ;
À cette hymne touchante,
Mêle ta voix charmante,
Frêle oiseau du matin,
Et chante l'espérance,
À qui met la croyance
Au bord de son chemin !
Chante, ma gentille alouette,
Gaiement, en volant au ciel bleu !
Toute voix d'orage est muette !
Chante à la terre, chante à Dieu !
Chante, et dans ta course légère,
Si tu vois l'orphelin en pleurs,
La veuve à la pensée amère,
Prêts à faiblir sous les douleurs,
Dis-leur que, dans la plaine,
Si Dieu répand la graine
Pour les petits oiseaux,
Sa main plus tendre encore,
Du pauvre qui l'implore
Sait adoucir les maux !
Chante, ma gentille alouette,
Gaiement, en volant au ciel bleu !
Toute voix d'orage est muette !
Chante à la terre, chante à Dieu !
Louis Oppepin