Aux mères, de Paul Collin.
A notre chère mère, notre chère maman.
Recueil : Les poèmes musicaux (1886)
Ô femmes, quelquefois je vous entends vous plaindre Du sort que Dieu vous fait ici-bas ; comparer
À nos tourments, à nous, ceux que vous pouvez craindre,
Et vous croire le droit alors de murmurer.
Je ne conteste pas vos peines, vos blessures,
Douces âmes ; mais Dieu fait bien tout ce qu'il fait :
Vos maux sont plus grands soit ! mais êtes-vous bien sûres
De n'avoir pas aussi le bonheur plus complet ?
Avant que de pleurer, avant que de vous dire
Moins heureuses sur terre et plus tristes que nous,
Répondez : qui des deux a le premier sourire
De l'enfant nouveau-né, ce sourire si doux ?
Et qui des deux aura la première parole
Du petit ange aimé ? — C'est vous, c’est vous mamans !
Ce doit être une joie immense à rendre folle.
Notre horizon n'a pas de tels rayonnements !
Paul Collin (1843-1915)