Adieu ma patrie, de Paul Collin.
Au revoir mon beau pays.
Recueil : Les poèmes musicaux (1886)
Mon enfance te doit de bien belles journées, Ma douce région natale, je ne l'oublierai pas :
Jusqu'à l'heure où, courbé sous le poids des années
Et d'un bâton fidèle aidant mes faibles pas,
Je sentirai tomber de ma tête alourdie
Mes cheveux qui jadis auront été touffus,
Je saurai, ranimant ma mémoire engourdie,
Y retrouver encor ces jours qui ne sont plus.
Le proscrit, au moment de quitter sa patrie,
Va dans son pré natal et cueille une humble fleur :
Il l'emporte à l’exil, il la garde, et, flétrie,
Quand il meurt, on la trouve encore sur son cœur.
Ainsi, chers souvenirs d'espoir et de jeunesse,
Je veux vous entourer d'un soin religieux,
Pour que vous embaumiez, quand viendra la tristesse,
De votre frais parfum mon esprit soucieux.
Paul Collin (1843-1915)