Adieu mes amis, d'Ernest Bussy.
Adieu, nos chemins nous séparent.
Recueil : Les sonnets et poésies inédites (1886)
Adieu. Nous n'avons fait que quelques pas ensemble ; Regagnons les chemins qui nous sont préparés.
Nous sommes des oiseaux qu'un coup de vent rassemble
Et que l'instant d'après a déjà séparés.
Adieu. J'aurais aimé que l'heure fut moins brève,
Bien que ces courts moments soient parfois les meilleurs.
Nous n'avons, ici-bas, qu'ébauché notre rêve :
Il nous sera donné de l'achever ailleurs.
Adieu. Je l'ai trop dit, ce mot profond et triste
Qui met toute une vie et la mort entre nous.
L'Au-delà nous attend, mais le regret persiste...
Que garde l'avenir en ses voiles jaloux ?
Adieu. Quand vous aurez salué la Patrie,
Les horizons connus et le clocher natal,
Donnez une pensée à la plage fleurie
Où luit le tiède azur d'un ciel oriental.
Adieu. Que votre vie entière illuminée
Par la paix et l'amour ait un couchant serein !
La route la plus longue est bientôt terminée
Et le repos du ciel attend le pèlerin.
Ernest Bussy (1864-1886)